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Cinq espèces d’oiseaux

Le programme Kivi Kuaka souhaite étudier le comportement des oiseaux face aux catastrophes environnementales que sont les cyclones, les séismes et les tsunamis. Pour cela, une hypothèse est que les grands migrateurs seront plus sensibles aux infrasons car l’évolution de leur stratégie de migration a nécessité une adaptation à ces conditions extrêmes. Nous avons donc sélectionné des espèces dont les migrations ou les prospections océaniques les font fréquenter les zones géographiques où se produisent le plus fréquemment des cyclones et de forts séismes. 5 espèces ont été retenues pour la première phase de déploiement de balises : le Courlis d’Alaska (Kivi en polynésien), la Barge rousse (Kuaka en maori), le Pluvier fauve, le Chevalier errant et la Sterne fuligineuse.

Le Courlis d’Alaska

Ce courlis a pour nom scientifique Numenius tahitiensis, car s’il niche uniquement dans les toundras inaccessibles d’Alaska, il hiverne sur les îles du centre du Pacifique (de Hawaï à la Polynésie), et a été observé et décrit pour la première fois à Tahiti. Les jeunes oiseaux restent près de trois années complètes sur les zones d’hivernage des adultes, avant de revenir se reproduire pour la première fois. Cette résidence fait du courlis un excellent modèle pour espérer observer une réponse comportementale aux cyclones et tsunamis. Le courlis d’Alaska semble très sensible à la prédation par les mammifères proches de l’homme (chiens, chats) sur les atolls, ce qui explique son déclin rapide et les faibles effectifs, estimés à environ 10.000 individus au total en 2003. Les comptages récents effectués au Tuamotu suggèrent une diminution de plus de 50% durant les années 2000, et s’il ne reste que 5.000 individus au monde, cette espèce devrait être classée En Danger d’extinction sur la Liste Rouge mondiale de l’UICN. Nous prévoyons de capturer des courlis en Polynésie française et en Alaska.

La Barge rousse

La Barge rousse Limosa lapponica niche dans les toundras arctiques et néarctiques. Les populations qui nichent en Alaska réalisent une migration extraordinaire pour rejoindre la Nouvelle Zélande où elles passent l’hiver, par un vol sans escale de plus de 10.000 kilomètres. En chemin, les barges rousses adaptent leur vol aux conditions météorologiques, notamment lorsque leurs trajectoires croisent celles de fortes dépressions. La remontée printanière vers l’Alaska s’effectue par étapes, avec une première migration en direction de l’Asie du sud-est pour effectuer une halte migratoire en Mer Jaune, où les conditions environnementales se dégradent. L’étape suivante permet aux barges de rejoindre l’Alaska en migrant toujours au-dessus du Pacifique. Si le plumage hivernal est gris, les adultes nicheurs arborent un plumage rouge brique original. Nous prévoyons de capturer des barges rousses en hiver en Nouvelle-Zélande.

Le Pluvier fauve

Proche parent du Pluvier doré européen et du Pluvier dominicain néarctique, le Pluvier fauve Pluvialis fulva niche en Sibérie et jusqu’en Alaska. Les populations nichant près du détroit de Bering hivernent dans le centre du Pacifique, de la Polynésie à l’Australie. Les hivernants de Moorea remontent au printemps d’abord pour un arrêt au Japon, avant de rejoindre leurs zones de reproduction. On rencontre le pluvier sur les zones de végétation rase près de la mer, parfois jusque sur les bords de route ou les terrains de football dans les zones habitées. Si son plumage hivernal est discret, il acquiert un plumage nuptial contrasté, noir, blanc et doré, qui lui donne une élégance hors du commun. Nous capturerons des pluviers en Polynésie, en Nouvelle Calédonie et en Alaska.

Le Chevalier errant

Petit limicole côtier, le Chevalier errant Tringa incana fréquente les rochers du trait de côte tout au long de l’année. Il niche dans l’ouest de l’Amérique du nord, et hiverne sur les îles du Pacifique. Son plumage reste gris toute l’année, seules ses pattes sont colorées, jaunes. Il semble territorial même en hiver, et ses habitudes côtières en font un excellent modèle pour étudier ses mouvements face à l’arrivée de vagues submersives. Son écologie hivernale et sa stratégie de migration ne sont pas encore connues, car son poids (entre 90 et 120 grammes) ne permettait pas d’utiliser des technologies embarquées. Le programme Kivi Kuaka est donc le premier à équiper cette espèce de balises GPS, qui apporteront des éclairages nouveaux sur l’écologie de cette espèce. Il semble également que le chevalier errant soit en forte diminution sur ses zones d’hivernage, il s’agira donc aussi de rechercher les facteurs qui pourraient expliquer cette tendance. Nous capturerons des chevaliers en Polynésie, en Nouvelle Calédonie et en Alaska.

La Sterne fuligineuse

La Sterne fuligineuse Onychoprion fuscatus est un oiseau marin tropical que l’on rencontre dans tous les océans chauds, et qui forme des colonies parfois gigantesques sur des îlots plats inhabités. Sa reproduction est donc particulièrement vulnérable aux événements submersifs. Elle pêche au large, et reste en pleine mer en dehors de la période de reproduction, et doit donc être habituée à gérer un environnement éolien changeant, parfois hostile. L’acquisition de connaissances sur les zones d’alimentation de ces oiseaux permettra d’anticiper les impacts des changements climatiques sur leurs ressources alimentaires océaniques. Nous capturerons des sternes fuligineuses sur de grandes colonies polynésiennes et calédoniennes. En Polynésie française, la première mission a permis de dénombrer 7.250 couples sur l’atoll de Tekokota.